Comme prévu et annoncé sur notre site, s’est tenu ce matin le colloque organisé par les étudiants de Paris 12 (Master de Gestion des Ressources Humaines dans les entreprises multinationales), en collaboration avec l’ANDRH et l’ARRI. Au passage, bravo pour la qualité de l'organisation !
Deux thèmes ont été abordés lors des tables rondes animées avec brio par Jean Michel FAUVE (Président ARRI):
1) « Les risques liés à l’expatriation »
2) « la gestion de l’expatrié » L’accompagnement des salariés en mobilité et de leur famille (détaillé dans le prochain article)
PREMIERE PARTIE : « LES RISQUES LIES A L’EXPATRIATION »
Quels intervenants ?
- Patrice EOCHE DUVAL : Ministère des Affaires Etrangères, spécialiste de la gestion du risque et des crises
- Arnaud ROBERT : société Marsh, Spécialiste du risque politique et pays (Assurances)
- Julien BOUTIRON : avocat spécialiste en droit social
- Xavier CARN et Philippe GUIBERT : International SOS (entreprise spécialisée dans la gestion des risques santé-sécurité), respectivement directeurs des services crises/sécurité et des programmes de santé.
Chacun a apporté son éclairage issu de son expertise métier. En synthèse des différentes interventions est apparu le fil conducteur suivant :
ð Les risques potentiels sont nombreux et très diversifiés, et globalement en hausse : ils peuvent être d’origine humaine (guerre, terrorisme, criminalité, accident industriel…) ou naturelle (catastrophe météorologique, géologique…). A noter : les statistiques montrent que la traumatologie liée aux accidents de la circulation est le premier motif d’évacuation d’urgence, alors que ce facteur n’est pas habituellement le plus redouté par les candidats au départ et leurs entreprises !
ð Les conséquences de la survenue d’une « crise » sont transversales et potentiellement très coûteuses : dommages humains, risques juridiques, risques financiers (pour réparer les dommages mais aussi liés à l’arrêt éventuel de l’activité), risques médiatiques, perte de confiance des actionnaires…Attention : les mandataires sociaux ne doivent pas ignorer que leur responsabilité civile personnelle peut être mise en cause.
ð La règle d’or est donc : ANTICIPER (à l’unanimité des intervenants !)
Cette dimension doit couvrir de nombreux aspects et intègre notamment :
- Une identification des risques et menaces pays grâce à un travail de veille.
- Une préparation, une formation des personnes avant le départ, à relayer par une information sur l’évolution des risques tout au long de la mission (attention au facteur d’isolement qui peut être dangereux).
- Une sécurisation sur le plan médical.
- Une rédaction rigoureuse et minutieuse du contrat de travail
- Un plan de continuité de l’activité en cas de crise avérée
- Un plan de gestion de la crise en cas d’urgence (logistique, évacuation, sécurité, communication…).
Les débats qui ont suivi ont permis de rendre compte de l’intérêt de l’assistance pour ces questions. Avec une idée forte : le facteur risque ne doit pas occulter les enrichissements personnels (non financiers mais humains, culturels…) liés à l’expatriation. Pour ma part je me pose trois questions :
- être capable de partir, c’est accepter une part d’incertitude dans sa vie. Bien sûr plus ou moins importante selon les circonstances et la nature des risques encourus, selon le contexte personnel et familial … Jusqu’où peut-on tout contrôler ? Il me semble –mais c’est un point de vue personnel relié à mon expérience, donc partiel et subjectif – que de nombreuses personnes ayant vécu à l’étranger ne cherchent pas à tout prévoir, à tout anticiper : certaines d’entre elles acceptent implicitement (et inconsciemment ?) l’idée de l’imprévu et du risque.
- A contrario, quand le risque est avéré et peut menacer la vie, l’entreprise peut-elle se retrancher derrière la qualité de sa politique de sécurité pour « inciter » un salarié au départ en vertu de sa clause de mobilité ? Comment l’entreprise peut-elle concilier éthique et contraintes économiques ?
- Enfin, les présentations des intervenants ne peuvent que susciter l’adhésion notamment au niveau des propositions d’action. Mais…quelles réalités se cachent derrière ces préconisations ?
En dehors de quelques grands groupes qui envoient des bataillons d’expatriés dans des pays à risque depuis des décennies, quel est le comportement des entreprises plus modestes en taille et en surface financière ? Comment le facteur risque est-il appréhendé dans leur politique RH ?
Une piste d’études peut-être, pour un prochain colloque ?...
MH Millie
MH Millie
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