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 Nord Perdu de Nancy Huston

les mots pour dire... une vie d'exilé

  • ulysse
  • Mardi 26/09/2006
  • 09:02
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Nancy Huston est une romancière canadienne anglophone qui vit à Paris depuis de nombreuses années. Un de ses essais, « Nord Perdu » , exprime très finement le trouble, le désarroi mais aussi la richesse qui s’attachent à la condition d’exilé ou d’expatrié .

Pour l’auteur, le sentiment d’exil, le fait de se sentir « étranger » serait à relier à l’enfance qui est le socle de notre identité, et ceci malgré les nombreuses années passées à l’étranger à l’âge adulte . Chaque exilé est coupé en deux : une partie de lui-même reliée à ses origines , l’autre partie intégrée dans le pays d’accueil et inconnue des proches restés au pays . Deux vies qui s’ignorent…ce qui génère sentiment de solitude mais aussi richesse et ouverture .

Suivent quelques pages de réflexion sur la langue et son rôle dans l’appropriation de la culture d’un pays et dans la construction de l’imaginaire , et Nancy Huston nous explique tout naturellement en quoi  la littérature a constitué pour elle le point d’aboutissement de sa condition d’exilée (rappelons qu’elle écrit dans les deux langues) .

Quelques morceaux choisis, tirés de l’ouvrage :

« En quoi suis-je encore l’enfant de mon pays ? En tout : pour la simple raison que j’y ai passé mon enfance.»

« Le caractère totalement singulier de l’enfance par exemple, et le fait qu’elle ne vous quitte jamais : difficile pour un expatrié de ne pas en être conscient, alors que les impatriés peuvent se bercer toute leur vie d’une douce illusion de continuité et d’évidence ».

« Les exilés, eux, sont riches. Riches de leurs identités accumulés et contradictoires ».

« Ici (dans le pays d’exil), vous taisez ce que vous fûtes… tout ce qui vous a formé, vous a fait vous, ils l’ignorent...Là (pays d’origine), vous taisez ce que vous faites. Ce que vous pensez, dites, lisez, voyez dans la vie de tous les jours depuis des décennies n’a aucun intérêt pour les gens de chez vous » .

« Deux versants de la vie. Vous en êtes le point d’intersection ».

« Chaque exilé a la conviction…qu’il existe une partie de lui-même ou pour dire mieux un autre lui-même qui continue de vivre là bas . »

 

Il suffit de s’attarder un peu sur le Web, de parcourir les forums d’expatriés ou les blogs tenus par des expatriés , ou plus sérieusement de feuilleter quelques ouvrages consacrés à la question interculturelle pour donner toute leur valeur  à ces mots simples et limpides  de Nancy Huston . 

 

Marie Hélène Millie


Commentaires

solution

La dualité entre les origines et le pays d'accueil est magistralement dépeinte, soulignant la richesse et la complexité de l'expérience d'un expatrié. Un essai poignant et pertinent.

 

 

 

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