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 Anousheh Ansari la première femme touriste dans l'espace

Comment bien préparer son voyage dans l'espace de l'inconnu?

  • ulysse
  • Lundi 18/09/2006
  • 13:03
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Le 17 septembre 2006 Anousheh Ansari est devenue la première femme touriste de l’espace (http://spaceblog.xprize.org/).

Bien que cette information soit absolument exceptionnelle on peut se demander quelle est sa place dans un blog sur l’expatriation ? Ce lien n’est pas aussi incongru qu’il peut y paraître. En effet, si l’espace s’ouvre au tourisme (pas de masse car à 2 millions de dollars le voyage, les tours opérateurs vont avoir du mal à le rendre abordable avant un certain nombre d’années), il finira aussi par s’ouvrir aussi aux entreprises et donc aux expatriations.

Alors, soyons des précurseurs sur "Heureux qui comme Ulysse", et ouvrons dès à présent une session de formation à l’espatriation (contraction d’ « espace » et « expatriation »). C’est (probablement) une première, car je ne crois pas que les centres de formation aient déjà intégré ce module dans leurs cours.


Voici donc les tout premiers conseils afin de bien préparer son « espatriation ».

Bien préparer son espatriation, ce n’est pas seulement régler les détails pratiques (le logement, l'école pour les enfants...) c’est essentiellement se préparer psychologiquement à ce grand bouleversement de notre vie, imaginer ce que seront ces changements afin de les vivre le mieux possible.

Partir dans l’espace c’est partir vers l’inconnu. Inconnu signifie littéralement « que l’on ne connaît pas ». Evident! Et tellement essentiel à la réussite de son expatriation qu’il est préférable de ne pas l’oublier. Il faut absolument partir sans critères de comparaison avec le pays dont on vient, ET sans idées préconçues sur le pays dans lequel on se rend.

Se placer dès le départ dans un schéma de comparaison (opposer ici/là-bas) amène inexorablement l’ « espatrié » à se placer dans une logique « moins bien/ mieux » alors qu'on se trouve dans une logique de différences. Tout à coup, son "chez soi", que l’on vient de quitter, se pare d’une longue liste de qualités (réelles et imaginaires).Le café du matin aura toujours meilleur goût à la maison, difficile aussi de descendre acheter sa baguette du matin et de sentir l’odeur du bon pain frais ! Exit les grèves, les lenteurs administratives et autres sujets d'énervement... Une vraie nostalgie.
Apposer ce filtre de comparaison est dangereux car il empêche de regarder ce que le nouvel espace offre, vraiment. L’espace ne peut qu’être différent de chez nous. Donc pas d’idées préconçues non plus. En effet, à moins de vraiment connaître la culture et l’histoire de ce nouvel espace, il est périlleux de partir avec des idées préconçues qui se révèleront souvent fausses,susceptibles de générer des déceptions.
Déception, nostalgie… Cela crée beaucoup de traumatismes en peu de temps. Surtout que le nombre de personnes avec lesquelles on aimerait parler pour se rassurer sont loin, très loin. C'est cela, dans le cadre d’une espatriation, on se retrouve seul, très seul; loin, très loin.

Tout notre réseau social disparaît : la famille, les amis, les commerçants avec lesquels on bavarde un peu, la caissière du supermarché qui vous connaît. C’est une très grande solitude à laquelle on ne s’attend pas vraiment car toutes ces contacts humains, nous y sommes tellement habitués que nous les avons totalement intégrés dans notre routine au point d'oublier leur existence et leur importance. Cependant, en les perdant on se retrouve très rapidement désorienté, bien souvent sans en être conscient.

Une autre difficulté naît également du fait que l’on vit des choses totalement décalées. Dans le temps déjà, à cause du décalage horaire. Par exemple, Peter, le mari d’Anousheh (il rédige les billets du blog car Internet ne fonctionne pas de la navette spatiale !) va devoir rester éveillé jusqu’à 1:10 du matin pour voir sa femme arriver à la station spatiale internationale. Mais c’est aussi un décalage dans l’espace. Lui aussi va vivre dans une réalité qu’il ne partagera pas avec sa femme : il s’imprégnera de films, anecdotes dont elle n’aura même pas connaissance. Cela me rappelle l’été 1991, alors que je venais d’arriver au Japon après avoir passé six mois en Californie. Je me suis rendue à la soirée du 14 juillet donnée à l’Institut franco-japonais toute heureuse de rencontrer enfin des Français. Là je sympathise avec … des Français, et l’un d’eux fait une blague à laquelle je ne réagis pas ! Stupeur de mon interlocuteur lorsque je lui dis que je ne comprends pas ! Je suis encore plus perdue lorsqu’il évoque des inconnus. Bien sûr que cela m’est inconnu. Non ! Les Inconnus ! Finalement il me demande depuis combien de temps je suis partie de France, et là tout s’éclaire : aux Etats-Unis je n’avais plus d’information venant de la France –pas d’Internet à l’époque- et je ne pouvais pas connaître les Inconnus, et je ne comprenais plus les blagues de mon pays !
Ca semble idiot mais tout à coup on réalise qu’on est déconnecté de la réalité de son propre pays. Et on se sent exclu de son propre groupe.

Parallèlement, lorsque l’on travaille à l‘étranger, la langue de travail est souvent une langue autre que sa langue maternelle. Au bureau, on peut souvent se sentir exclu car même une très bonne maîtrise de la langue n’inclut pas certaines nuances plus « culturelles ». Telle cette plaisanterie faire par le responsable du bureau de la BBC de Bruxelles où je travaillais qui fut accueillie par tous (anglo-saxons of course) d’un seul et même rire. Quant à moi, je suis restée stoïque. Et pour cause : la blague faisait référence à un dessin animé tellement populaire qu’ils l’avaient tous vus et même les plus jeunes en avaient tous entendu parler !!! Là encore, on se sent totalement en dehors du groupe. Sentiment d’isolement toujours difficile à vivre.

On sort de son groupe de référence, on perd une partie de son identité sans réellement en reconstruire une autre. Ou plutôt on se reconstruit une nouvelle Technorati non pas par ce que l’on est, mais par ce que l’on n’est plus ; ce qui est aussi déstructurant que perturbateur.

Tous ces éléments sont difficiles à appréhender avant de partir. Néanmoins, en avoir au moins connaissance, peut-être conscience, peut les rendre moins difficile à vivre. On vit mieux ce que l’on comprend.

Finalement s’expatrier dans l’espace, en Chine, au Japon, aux Etats-Unis ou en Belgique, ce n’est pas tellement différent : on part toujours pour un espace inconnu. Sauf peut-être qu'en partant pour un pays de notre bonne vieille terre on a l'illusion de savoir où on va, l'illusion seulement...

Françoise Menou


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