Les magazines Courrier International et Le Monde de l’Education ont publié conjointement un dossier intitulé « Mes études à l’étranger, guide 2007-2008 » (trimestriel de novembre décembre 2006-janvier 2007). Sans prétendre à une exhaustivité complète, ce numéro spécial aura sûrement attiré l’œil de nos étudiants tentés par l’aventure de l’international (ils étaient environ 85 000 pour l’année 2004-2005). Ils y trouveront des conseils, des informations pratiques sur les démarches pour étudier à l’étranger. De nombreux pays du monde sont présentés , à la fois sur le plan universitaire et sur le plan du mode de vie étudiant .Où vaut-il mieux étudier la biologie ? Comment réussir les difficiles concours d’entrée en université de mathématiques à Moscou ? Quelles sont les associations étudiantes sur le campus de Montréal ?...Autant de questions intéressantes ou divertissantes mais qui ne résolvent rien : c’est un point de départ, une piste, et tout reste à construire ensuite par le candidat à l’expatriation.
Le plus important à mes yeux : la lecture de ce dossier nous donne l’image d’un enseignement supérieur devenant un véritable marché sur le plan international, dont les établissements rivalisent pour attirer les étudiants du monde entier. La presse relate régulièrement les classements internationaux entre les universités et grandes écoles diverses. Le terrain de jeu est maintenant mondial. Les étudiants qui auront étudié ainsi à l’étranger connaîtront-ils encore les frontières ? Seront-ils prêts plus tard à passer d’un pays à l’autre au gré des opportunités ?
Le numéro de janvier 2007 de Courrier Cadres semble répondre par l’affirmative. Ce magazine nous explique sur dix pages l’intérêt de l’expatriation pour les cadres, à la fois sur le plan de l’épanouissement personnel, et sur le plan professionnel. De nombreux témoignages sont présentés afin de nous convaincre de mettre les voiles.
Et pourtant…dans ce climat d’internationalisation systématique, une étude de PricewaterhouseCoopers (Managing Mobility Matters 2006) apporte quelques bémols. Au niveau européen, la mobilité des travailleurs qualifiés reste largement insuffisante. D’après cette étude, les entreprises peinent à attirer les compétences en provenance de l’étranger et doivent déplacer leurs activités là où se trouvent les compétences, ce qui entrave leur compétitivité. Principales raisons de ce manque de mobilité : les langues mais aussi et surtout les différences dans les régimes fiscaux, dans les systèmes de santé et de protection sociale, ainsi que l’absence de législation du travail intégrée au niveau européen. Le manque d’informations disponibles sur le plan de la mobilité internationale (ou plutôt la difficulté d’accès à cette information) serait également un frein majeur. La mobilité qui séduit tant les jeunes étudiants est plus difficile à mettre en pratique lorsqu’on s’installe dans la vie (famille, patrimoine…).
L’Europe a encore du travail pour assurer aux personnes la même liberté de circulation qu’aux biens, services et capitaux !
J’ose formuler une hypothèse optimiste (ou du moins un souhait…): nos étudiants qui auront vécu et apprécié leur expérience internationale oeuvreront sans doute pour une meilleure harmonisation européenne sur le plan des législations sociales et fiscales. Avec une Europe sans cesse élargie , la tâche sera lourde !
Marie Hélène Millie
Pour accéder à l'étude de PWC sur les problèmes de mobilité en Europe : cliquez ici
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